Je suis un classique dissident! – Interview : leducation-musicale.com

C’est grâce à la télévision que vous avez pu composer de la musique à l’image ?

Depuis 2008, c’est la date de mon premier film « Skate or Die » de Miguel Courtois.

Comment l’avez-vous connu ?

Dans ce métier c’est toujours des rencontres de quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un. Et là c’était le monteur de Miguel, avec qui j’avais travaillé pour des musiques de courts-métrages, qui m’a proposé sur le film qui était en cours et où il n’y avait pas encore de compositeur. J’ai fait des bouts d’essais et j’ai été pris.

Votre musique devait être de bonne qualité puisqu’il vous a gardé sur pas mal de ses réalisations !

Depuis effectivement c’est devenu une vraie collaboration qui dure et qui est assez gratifiante. Une relation de confiance et d’intimité s’est mise en place.

Vous avez une formation classique mais vous êtes aussi un rockeur ?

Je suis un classique dissident ! J’ai commencé la musique très très tôt ; j’ai fait le conservatoire à Lyon dans un cursus normal.

Apprendre l’accordéon très jeune ce n’est pas tout à fait dans un cursus normal non ?

Je ne me suis jamais posé la question, j’ai commencé très jeune donc c’était tout à fait normal pour moi : j’avais trois ans et demi, et le piano à cinq ans !

Vous écoutiez de l’accordéon chez-vous ?

C’est parce que ma sœur faisait de l’accordéon tout bêtement !

Et quel style : Verchuren ?

Non, non du classique !

Vous aviez des partitions pour accordéon ?

On avait énormément de transcriptions. Bach n’a pas écrit pour cet instrument… mais on en joue assez couramment. C’est un instrument qui se rapproche de l’orgue. Sinon beaucoup de compositeurs contemporains, enfin du XXème siècle, ont écrit pour cet instrument.

La musique à l’image est-ce venu par hasard ou vous aviez envie d’en faire ?

J’ai toujours eu envie d’en faire mais cela s’est exprimé d’une façon plus nette il n’y a qu’une quinzaine d’année. Les premiers souvenirs de musique qui m’ont touché, à part ce qu’on apprenait « à l’école », c’était par les musiques de film. Si je fais une sorte de psychanalyse inversée, je me suis intéressé à la musique rock, à la musique électronique ; c’est par rapport à des sonorités extra classiques que je pouvais entendre dans les BO de films…

Par exemple ?

Dans la BO d’une série, « Cosmos 99 » – musique de Barry Gray, Derek Wadsworth –, une série avec Martin Landau, Barbara Bain ; ou comme le film « La Planète des Singes ».

Prendre Goldsmith comme référence, vous aviez déjà un bon goût!

Peut-être. J’écoute régulièrement ce disque; je crois que ce qui m’avait passionné à l’époque, avec cette musique, c’était comment les sons de musique classique étaient détournés par l’électronique. C’est cette sonorité qui m’avait interpellé.

On ressent ce dont vous parlez dans votre musique pour « Trepalium »

Oui effectivement, je n’y avais pas réfléchi…

Avec « La Planète des Singes » on est dans la science fiction. Avec « Trepalium » on n’en est pas très loin, même si la production ne veut pas employer ce terme. Je suppose que vous n’aviez pas les mêmes moyens ?

Non il est très clair qu’on en est très loin…

Parlez-moi de votre période rocker :

J’ai commencé vers l’âge de dix sept ans jusqu’à vingt cinq ans !

Vous ne jouiez pas de l’accordéon je suppose ?

Non, j’étais aux claviers, je faisais partie d’un groupe qui a fait parlé de lui mais qui n’a jamais franchi la frontière lyonnaise. Cela m’a pas mal occupé.

C’est là où vous avez appris à faire des arrangements ?

Oui, mais surtout connaître ce qu’était le studio, rencontrer les fameuses machines qui faisaient du bruit : ça a beaucoup influencé ma façon d’appréhender la musique et la composition.

Vous êtes de la génération des ordinateurs ?

Les ordinateurs, je m’y suis mis assez tard, seulement en 98 ! J’ai enregistré en 24 pistes, encore en bandes, à l’ancienne.

Avez-vous un studio ?

J’ai un home studio, mais je n’ai pas assez de place pour enregistrer un ensemble de cordes.

Thierry Binisti a un parcours assez étonnant! Travaillez -vous souvent avec lui ? Comment l’avez-vous rencontré ?

On s’est rencontré aussi par le même biais que pour Miguel Courtois : le monteur travaillait avec Thierry ! On s’est croisé plusieurs fois, on s’est plusieurs fois raté et puis on a réussi à le faire en 2012 ! Comme il fait des choses très éclectiques, je ne travaille pas sur tous ses projets ; il vient vers moi pour certains types de choses.

Comment pourriez-vous définir le style de musique que vous composez ?

J’avoue ne pas avoir un style précis. Je suis assez malléable, je dépends vraiment de l’histoire et du film sur lequel je travaille. Je n’ai aucune limite, je pourrais très bien faire un film uniquement avec un quatuor, et puis le film suivant en électroacoustique, cela ne me dérangerait pas du tout.

Faites-vous tous les arrangements ou travaillez-vous en binôme ?

Je fais tout tout seul, de la première à la dernière note !

Et de temps en temps vous jouez aussi dans vos partitions…

Absolument, je tiens les claviers, et de temps en temps la guitare bien que je sois un guitariste médiocre autodidacte. Si ce n’est que deux accords, je le fais ; sinon je fais appel à un guitariste de talent.

Être compositeur en province, est-ce un handicap ?

Cela a certains inconvénients ; on fait moins de rencontres et ce métier n’est qu’un métier de rencontres.

Avec tous les moyens d’aujourd’hui l’information pourtant se déplace facilement…

Généralement je fais des allers-retours. C’est bien de se voir physiquement, il y a des communications qui se passent toujours mieux en direct.

Non pas du tout je suis arrivé sur ce projet par Varda Kakon qui s’occupait de la supervision musicale, je l’avais connue sur « Skate or Die »